Hornstrandir 2018

Projet Fljótavík | Du 24/06/2018 au 06/07/2018 (13 jours)

Plusieurs fonctions sont disponibles dans la carte.

fonctionnement souris/tactile
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fonctionnement clavier
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Des cairns qui se perdent dans le brouillard, sous la pluie et le vent. Des montées abruptes qui se dressent comme des remparts. Les pieds dans la boue, le sable, la neige. Les jambes dans des rivières glacées. Les vêtements et les chaussures trempés. Et mon sac de vingt kilos pour seul compagnon de route…

Je n'essaierai jamais de convaincre ni de convertir ceux qui douteraient qu'on puisse trouver du plaisir au milieu de tout cela. Et je serais même presque prêt à leur donner raison… Mais pas complètement.

J'ai marché, j'ai mangé, j'ai dormi. Je suis allé au bout de mon idée, avec calme et persévérance. En silence. Ce qu'il a fallu dépasser pour y parvenir est compliqué à expliquer. Il me faudrait, sans doute, 120 kilomètres de plus pour trouver les bons mots… Et probablement encore 120 autres pour les écrire correctement. Ça vous laisse un peu de temps pour lire ce qui suit…

Le parcours en image et en chiffres :

  • 120 kilomètres
  • 3930 mètres de dénivelé
  • 7 étapes
  • 20 kilos sur le dos

23/06/2018 | Alpe d'Huez - Grenoble

  • Départ de l'Alpe d'Huez sous le soleil.
  • Difficile de laisser ma femme et mon bout de chou derrière-moi…
  • Trajet sans histoire jusqu'à Grenoble.
  • Il fait lourd dans la vallée…

24/06/2018 | Grenoble - Lyon Part-Dieu - Aéroport Paris Charles de Gaulle - Aéroport de Keflavík - Reykjavík Domestic - Aéroport d'Ísafjörður - Tungudalur

  • L'aventure a bien failli tourner court…
  • 06h00. J'arrive devant la gare.
  • Les portes sont fermées.
  • Étrange…
  • Sur les écrans, le premier train est affiché à 07h33…
  • … Tu le sens venir le coup foireux ?
  • Et mon train de 06h22, il est où ???
  • Je ne suis pas le seul voyageur désemparé.
  • De fil en aiguille, quelqu'un finit par croiser un vigile qui lui confirme qu'il n'y a pas de train avant 07h33. Les trains d'avant ont été annulés.
  • Car, oui, il faut le savoir : la SNCF annule parfois des trains, comme ça, sans prévenir personne…
  • On restera toujours pantois devant un tel sens du service (public en plus).
  • Je tombe par hasard sur une mère et sa fille dans le même embarras que moi.
  • La fille a un TGV à Lyon Part-Dieu.
  • Ni une, ni deux : maman va nous emmener en voiture.
  • Un coup de bol.
  • 1h15 plus tard, me voici à Part-Dieu.
  • Plus rapide que le TER.
  • Le TGV est à l'heure.
  • Mon vol pour Reykjavík, lui, est en retard de 40 minutes.
  • Vol sans encombre, mais autant de retard à l'arrivée qu'au départ.
  • Pas grave, j'avais prévu une bonne marge avec mon vol suivant pour Ísafjörður…
  • Le hall de récupération des bagages déborde de monde.
  • La livraison des bagages prend du temps.
  • Et, quand enfin ils arrivent, mon sac reste aux abonnés absents.
  • … Moment de flottement…
  • Je fais des aller-retour entre le tapis de livraison et la zone des bagages “hors gabarit”, où certains sacs à dos échouent parfois.
  • Rien de chez rien.
  • Au bout de 20 minutes à tourner en rond, j'avoue, je commence à paniquer un peu.
  • Je suis sur le point d'aller voir le service “Réclamations”, quand j'aperçois enfin un gros sac noir sur le tapis.
  • Ouf.
  • Ma confortable marge de manoeuvre s'est transformée en timing serré.
  • Mais j'ai mon sac !
  • Je saute dans le FlyBus pour l'aéroport domestique.
  • Le ciel est bas, il pleut.
  • Le temps de m'enregistrer, de manger 3 biscuits, et me voici dans l'avion.
  • Cap sur Ísafjörður !

25/06/2018 | Tungudalur - Ísafjörður - Hesteyri - Camp 1

  • Avant d'embarquer pour le Hornstrandir, j'ai 2 missions vitales à accomplir.
  • La première, trouver une solution pour faire garder quelques affaires dont je n'ai pas besoin pendant le trek.
  • La deuxième, trouver une bouteille de gaz.
  • Ces deux missions accomplies, je n'ai plus qu'à patienter.
  • Les averses se succèdent tout au long de la journée.
  • Pas grand chose à faire.
  • La bateau finit par arriver, pile à l'heure.
  • On embarque.
  • Le petit pont est surchargé de sacs et de gens.
  • Vent et petite pluie.
  • Ce n'est pas la tempête, mais la mer est quand même bien formée.
  • Le moteur hurle tandis que la coquille de noix fend les vagues en direction d'Hesteyri.
  • On débarque sous une fine pluie agrémentée de vent.
  • Un ranger du parc nous accueille.
  • Je monte mon premier camp dans le Hornstrandir.
  • Ce soir, ce sera pâtes bolognaise…

26/06/2018 | Camp 1 - Point de passage - Point de passage - Point de passage - Point de passage - Camp 2

  • Dès les premiers mètres, le ton est donné.
  • Départ sous le vent et la pluie.
  • Je me retrouve au milieu d'une plaine boueuse et marécageuse.
  • Difficile de ne pas se tremper les pieds.
  • Ensuite, la route grimpe. Le terrain est plus sec.
  • Une première rivière à traverser, puis je trouve quelques névés.
  • J'arrive à Saebol bien plus tôt que ce que j'avais prévu.
  • Le soleil est sorti, la marée est basse.
  • Je décide de profiter de ces conditions favorables pour franchir le Hyrningsgata, et pousser jusqu'à Látrar.
  • La plage de sable fin laisse très rapidement place à de gros rochers, érodés par la mer.
  • Jusqu'ici, tout va bien… Mais ça se complique vite.
  • Le passage entre la mer et la falaise rétrécit.
  • Les algues sont de plus en plus nombreuses, rendant les rochers plus glissants qu'une patinoire.
  • Malgré la prudence dont j'essaie de faire preuve, l'inévitable finit par se produire.
  • En voulant descendre un rocher plus haut que les autres, mon pied s'échappe.
  • Le vol plané est fulgurant, et la chute avec mon sac sur le dos, plutôt lourde.
  • Mais, heureusement, sans gravité.
  • Quelques mètres plus loin, je suis bloqué net.
  • Les rochers laissent placent à un petit renforcement dans la falaise, dans lequel les vagues viennent s'échouer.
  • Une petite mare d'eau salée, de 15 à 20 centimètres de profondeur, s'étend sur 5 ou 6 mètres.
  • Pour la franchir, il faudra avoir le pied agile, en profitant des bouts de cailloux qui émergent.
  • Mais le pire est l'obstacle qui se dresse de l'autre côté.
  • Un rocher tout lisse de 2 ou 3 mètres de haut, glissant comme une savonnette.
  • Pour grimper, juste un bout de corde élimé, qui arrive à hauteur de tête…
  • … Quand il faut y aller…
  • Je range mes bâtons dans le sac.
  • Sans cette aide précieuse pour m'équilibrer, je finis, fatalement, par riper sur les cailloux.
  • Premier bain d'eau de mer pour mes chaussures toutes neuves…
  • Mais pas le temps de s'apitoyer.
  • Une ou deux grandes enjambées salées plus loin, je suis au pied du mur.
  • Littéralement.
  • Pas facile de trouver une prise sur ce rocher tout lisse…
  • Je coince mon pied droit comme je peux dans une petite faille, et agrippe fermement le bout de corde.
  • À la une, à la deux…
  • Je tire de toutes mes forces.
  • Pour mémoire, j'ai 20 kilos sur le dos, et 5 devant (Cf. mon appareil photo… que je n'ai pas eu la présence d'esprit de sortir pour immortaliser ce moment héroïque).
  • Je passe en force…
  • … Même si, aujourd'hui encore, je ne sais pas vraiment comment j'ai fait.
  • Je reprends ma route entre les rochers.
  • Une échelle rouillée se dresse sur ma droite.
  • Pensant qu'il s'agit de la sortie du guêpier, je m'empresse d'y grimper.
  • L'échelle se prolonge par un câble qui sert de main courante pour escalader la pente, particulièrement raide (et casse-gueule).
  • Le genre de passage dans lequel tu te dis “une fois, pas deux”.
  • Arrivé au sommet, je fais le point sur la situation…
  • … Et je comprends rapidement qu'il ne s'agissait pas de la sortie, mais d'une deuxième porte d'entrée (permettant d'éviter le gros rocher tout lisse).
  • Dans la direction où je suis censé aller, il n'y a qu'une immense falaise infranchissable.
  • Me revoilà donc agrippé à ce maudit câble, pour redescendre cette pente particulièrement raide (et casse-gueule)
  • J'avais dit quoi déjà ? Ah oui : “une fois, pas deux”…
  • Une fois en bas, je reste donc au niveau du rivage.
  • Le “chemin” n'est qu'un amas sans fin de rochers, aussi usant qu'interminable…
  • J'en garderai des douleurs au mollet le reste du chemin et même longtemps après avoir terminé le trek.
  • Mais le plus dur semble derrière-moi…
  • Plus que quelques kilomètres avant de prendre un repos bien mérité à Látrar.
  • Une première rivière à franchir à gué, de l'eau à mi-mollets.
  • Une deuxième m'attend peu après, je le sais.
  • Arrivé devant, je cherche le passage qui me semble le plus approprié.
  • J'ai quelques doutes…
  • C'est plus large, plus profond et il y a plus de courant.
  • Mais bon, ça doit bien passer.
  • Je remonte le pantalon au-dessus des genoux, et j'y vais.
  • Plus que 3 mètres avant d'atteindre l'autre rive.
  • Tout va bien…
  • … Mais soudain, le sol descend rapidement.
  • Plus que de 2 mètres.
  • Ça va forcément se mettre à remonter, non ?
  • J'avance toujours…
  • … Et l'eau continue de grimper.
  • Plus qu'un bon mètre.
  • De toute façon, c'est déjà trop tard : j'ai de l'eau à mi-cuisses.
  • Autant foncer.
  • La traversée se termine.
  • En plus de mes chaussures, j'ai maintenant un sur-pantalon et un pantalon à faire sécher.
  • Pas de soleil en perspective, évidemment…
  • Belle première journée, Damien !

Le profil de l'étape :

27/06/2018 | Camp 2 - Point de passage - Point de passage - Point de passage - Point de passage - Point de passage - Camp 3

  • Pas de miracle : ce qui était mouillé au moment du coucher, l'est toujours au moment du réveil.
  • Ah, quel bonheur de commencer la journée déjà trempé…
  • C'est comme ça.
  • Après un petit kilomètre d'échauffement, la route s'élève.
  • Je me retrouve au milieu d'un désert de cailloux.
  • Magnifique.
  • Une fois le col franchi, la descente s'amorce vers Fljótavík.
  • Le joli endroit sur la carte où j'avais prévu de bivouaquer, s'avère être un marécage géant.
  • Je comprends rapidement ce que ça veut dire.
  • Soit je traverse le Fljótavatn pour aller monter mon camp à côté du refuge d'urgence de Fljótavík.
  • Soit je me tape une étape marathon jusqu'à Búðir, où je pourrai trouver un endroit plus décent pour camper.
  • Compte-tenu de mes déboires de la veille avec l'eau, j'opte évidemment pour la marche forcée.
  • Le contournement du Fljótavatn est un véritable bourbier.
  • J'ai les pieds trempés.
  • Et dès qu'un rayon de soleil sort, des centaines de moucherons m'encerclent et m'attaquent.
  • C'est marrant, Fljótavík c'est plus joli en chanson qu'en vrai…
  • Mais le plus compliqué reste de trouver le chemin pour sortir du fjord.
  • Ma carte, mon GPS et les cairns que je vois ne sont pas d'accord entre eux.
  • La voie tracée par les cairns me semble la meilleure option.
  • Ça grimpe sec, tout droit.
  • Vu de loin, on se demande d'ailleurs par où la voie peut bien passer.
  • Mais ça passe.
  • Les kilomètres défilent.
  • Les jambes commencent à être lourdes, mais pas autant que le sac que j'ai sur le dos.
  • J'ai mal partout.
  • La fin d'étape me semble interminable.
  • Au passage du dernier col, je croise un renard polaire.
  • La baie d'Haelavik est là.
  • Il faut en faire le tour.
  • Je n'en vois pas la fin.
  • Encore une rivière à franchir.
  • Et j'arrive enfin à côté du refuge d'urgence de Búðir
  • Fourbu mais content.
  • Je viens de laisser 25 kilomètres derrière-moi.

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28/06/2018 | Camp 3 - Point de passage - Point de passage - Point de passage - Point de passage - Point de passage - Camp 4

  • Un peu par la force des choses, j'ai fait 3 étapes en 2 jours.
  • Je décide de reprendre un rythme normal.
  • Cap sur le phare de Látravík.
  • La journée commence par un bain rafraîchissant qui m'éclabousse à mi-cuisses.
  • Ensuite, c'est une montée (très) sèche pour se mettre en jambe.
  • En chemin, je croise Jean-Pierre et Françoise.
  • Le temps se couvre au fur et à mesure que nous avançons.
  • Nous faisons le chemin jusqu'à Hornvik ensemble.
  • Je me retrouve ensuite seul pour traverser la baie.
  • Au fond, il va falloir traverser une nouvelle rivière.
  • Elle fait 50 bons mètres de large, et charrie du sable.
  • On ne voit pas le fond.
  • La prudence m'incite donc à opter pour la version “sans pantalon”.
  • C'est le moment que choisit le vent pour se lever, et la pluie pour tomber.
  • Évidemment.
  • L'eau est toujours aussi fraîche, mais ça passe sans souci.
  • Ensuite, une nouvelle montée raide.
  • L'ascension se termine dans un brouillard léger et avec un fort vent de face.
  • Le phare de Látravík se dévoile.
  • Encore une bonne journée.

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29/06/2018 | Camp 4 - Point de passage - Point de passage - Point de passage - Point de passage - Point de passage - Camp 5

  • Une bonne nuit de sommeil…
  • Aujourd'hui, direction Bolungarvík.
  • C'est la journée des montagnes russes.
  • Ça commence par une montée très raide, qui mène à un col.
  • Du sommet, on voit la côte se déchirer en falaises et en chutes d'eau.
  • Magnifique, surtout quand les nuages laissent percer (un peu) le soleil.
  • Ensuite, c'est une descente tout aussi vertigineuse qui se termine au fond d'une baie.
  • Là, coule une rivière.
  • Il faut la traverser à gué, cela va de soi.
  • Puis la route s'élève à nouveau.
  • Et ça continue, encore et encore…
  • Une étape assez monotone, finalement.
  • De montées en descentes, je commence à sentir le poids des kilomètres.
  • Je finirai, tout de même, par croiser un petit groupe d'islandais dans la dernière ascension…
  • … Manifestement un peu décontenancés de comprendre que je marchais tout seul ici et que j'en étais très heureux, le sourire coincé sous un sac à dos plus gros que moi, alors que la pluie commençait à tomber.

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30/06/2018 | Camp 5 - Point de passage - Point de passage - Point de passage - Point de passage - Camp 6

  • C'est un matin gris et humide qui me réveille.
  • De lourds nuages coiffent les montagnes.
  • Pas pratique, vu que c'est par là que j'ai prévu de passer.
  • Je pourrais contourner les falaises et passer par Furufjörður, pour rester au niveau de la mer.
  • Mais il faudrait attendre la marée basse, et je n'en ai guère envie.
  • Le temps finira bien par se lever… ou pas, on verra quand on y sera.
  • Le premier défi consiste à atteindre le fond du fjord sans se tremper les pieds.
  • Un nouveau marécage géant.
  • Je suis bien aidé par quelques cairns, astucieusement placés.
  • Chemin faisant, je suis à deux doigts de faire une omelette, mais parviens (juste à temps) à éviter 3 œufs cachés dans les herbes hautes.
  • Un gué plus loin, je suis au pied de la montée.
  • Le brouillard est toujours là.
  • De toute façon, je ne vais pas rebrousser chemin…
  • Je m'enfonce donc dans le brouillard.
  • Sans surprise, l'orientation est… compliquée.
  • J'avance de cairn en cairn… quand je parviens à les voir.
  • Le reste du temps, je me fie à la direction indiquée par mon GPS.
  • Parfois, j'attends un peu.
  • Je ne m'affole pas.
  • Je ne vois rien, mais je sais que je ne suis pas perdu.
  • Mètre après mètre, je parviens enfin à atteindre le col.
  • Le brouillard se lève.
  • Tant mieux, parce que les cairns s'arrêtent.
  • Je vise le fjord bleu profond qui apparaît en contrebas.
  • Le ciel est toujours aussi bas.
  • Le terrain, plutôt glissant.
  • Une pente plus raide que les autres…
  • Une plaque de boue…
  • À peine ai-je le temps de me dire qu'il faut que je redouble de prudence, que je sens mes pieds échapper à mon contrôle.
  • J'en suis quitte pour mon deuxième vol plané du séjour.
  • Plus de peur que de mal, encore une fois.
  • Mais jolie chute quand même.
  • La fin de la descente se profile.
  • Il va falloir franchir la rivière Álfstaðir qui dévale la vallée.
  • La traversée est… un peu musclée.
  • Voire un peu limite.
  • Mais ça passe.
  • Une fine bruine commence à tomber.
  • Le moral est un peu fatigué, mais je ne me laisse pas aller.
  • Il est temps que l'étape se termine…
  • Je choisis de contourner le fjord Hrafnfjörður par le rivage.
  • La marée est en train de baisser.
  • J'arrive finalement à proximité du refuge d'urgence.
  • Loin d'être le plus beau spot que j'aie eu pour camper, mais ça fera l'affaire.
  • Je suis à la lisière du parc national du Hornstrandir.
  • Plus que 2 étapes.

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01/07/2018 | Camp 6 - Point de passage - Point de passage - Point de passage - Point de passage - Camp 7

  • Un dernier regard, et je laisse le parc du Hornstrandir derrière-moi.
  • Le temps ne s'est pas vraiment levé.
  • Après plusieurs centaines de mètres dans les broussailles, je finis pas trouver ce qui ressemble à un sentier.
  • La route jusqu'à Grunnavík est presque plate.
  • J'avance bien.
  • À l'approche de Leirufjörður, les choses se corsent.
  • Il n'y a plus de chemin, et la végétation est dense.
  • La progression est lente.
  • En bas, je vois la baie se dessiner.
  • C'est un grand delta, parsemé de rivières en provenance directe du Drangajökull.
  • Je ne vois pas bien par où passer sans (trop) me mouiller les pieds.
  • Arrivé en bas, le chemin n'est pas plus évident.
  • Je finis donc par opter pour la méthode commando.
  • J'enlève mon pantalon, enfile mes chaussures spéciales “rivières”, et longe le rivage au pas de charge.
  • J'ai les pieds congelés, mais c'est terriblement efficace…
  • … jusqu'aux 100 derniers mètres.
  • Là, c'est plus sérieux.
  • Le débit est fort, et c'est plus profond.
  • À certains endroits, mes bâtons ne touchent pas le fond.
  • Après de longues minutes d'hésitation, je me décide pour un passage qui semble plus praticable que les autres.
  • L'eau monte presque au niveau de la culotte, mais ça passe.
  • Ensuite, je me retrouve dans un marais où je m'enfonce à mi-mollets.
  • Plus que quelques mètres.
  • Me voilà enfin sur les rochers.
  • Je repère un petit ruisseau d'eau claire où me laver les pieds.
  • Et c'est reparti !
  • Le soleil sort enfin.
  • Je mets le cap sur Höfði, quelques kilomètres plus loin.
  • Sur la carte, l'endroit semble propice pour monter mon camp.
  • Il l'est.
  • J'arrive devant ce qui ressemble à une colonie de vacances qui attend ses pensionnaires.
  • Évier, robinet, chiottes XXL…
  • En prime, le premier beau et chaud soleil du séjour me permet de faire sécher ce qui a besoin de l'être (c'est à dire à peu près tout).
  • Plus que quelques kilomètres…

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02/07/2018 | Camp 7 - Point de passage - Point de passage - Point de passage - Camp 8

  • Dernière étape.
  • Le démarrage est compliqué.
  • Je suis fatigué et j'ai mal partout.
  • Mention spéciale à mon mollet gauche, qui met de plus en plus de temps à chauffer au fil des jours.
  • Le sentier est large et bien tracé.
  • Un dernier gué à franchir (ensuite, j'arriverai à me débrouiller pour ne pas me mouiller les pieds).
  • Une dernière côte, et la ligne d'arrivée est en vue.
  • Le temps se couvre et se fait menaçant.
  • Quelques centaines de mètres avant l'arrivée, mon comité d'acueil se met en place.
  • Vent et pluie.
  • Je prends une grosse rincée…
  • Montage de tente expéditif, un peu où je peux.
  • Je suis seul.
  • Les quelques maisons disséminées le long du rivage sont vides.
  • Le soir venu, le soleil sort un peu.
  • J'assiste au débarquement d'une poignée de locaux, venus passer l'été dans leur maison secondaire.

Le profil de l'étape :

03/07/2018 | Camp 8

  • Un jour d'avance = un jour d'attente.
  • Rien de spécial à voir ni à faire dans les alentours, à part marcher.
  • Comme je n'ai pas la motivation pour me relancer dans une journée marathon, je me contente de petites balades pour me dégourdir les jambes.
  • À deux à l'heure, car je suis fatigué.
  • Le reste de la journée se partage entre siestes et attente.

04/07/2018 | Camp 8 - Ísafjörður - Tungudalur

  • Dernier jour loin du monde.
  • Pas grand chose de plus à faire que la veille.
  • Je vais, je viens, je traine.
  • En début d'après-midi, le soleil sort.
  • Bon sang ce que c'est bon de sentir la chaleur du soleil…
  • Je plie au sec.
  • Et j'attends.
  • Mon bateau arrive… avec 40 minutes d'avance.
  • La mer est belle et calme.
  • On dépose quelques locaux au milieu de nulle part, et on embarque des touristes américains.
  • C'est marrant, eux ils ont droit à un gilet de sauvetage pour le transfert en hors-bord.
  • Ensuite, on met les gaz, direction Ísafjörður.
  • Alors que le port est en vue, les moteurs s'arrêtent soudain, et tout le monde se précipite à bâbord (c'est à dire à gauche, pour ceux qui sont aussi nuls que moi en navigation).
  • Des baleines…
  • Quatre, cinq, six…
  • Je n'essaie même pas de faire des photos.
  • Je les regarde simplement s'en aller vers le large.
  • Quelle existence étrange… Errer ainsi sans fin, dans les eaux froides et sombres des océans…
  • Vers quoi ? Pourquoi ?
  • Ísafjörður.
  • Encore 5 kilomètres avec mon sac sur le dos, et me voici revenu au point de départ.

05/07/2018 | Tungudalur - Ísafjörður - Aéroport d'Ísafjörður - Reykjavík Domestic - Reykjavík

  • Galères à l'aller, galères au retour…
  • La journée n'avait pourtant pas si mal commencé.
  • Une petite marche tranquille et sans sac sur le dos, pour retourner au centre d'Ísafjörður.
  • Il y a des traditions qui se respectent.
  • Une baignade dans la piscine locale (… on est 3 dans le bassin…).
  • Un muffin au chocolat et un Skyr à la vanille.
  • Et, bien sûr, un paquet de McVitie's au chocolat au lait pour la route.
  • Ensuite, retour au camping, et préparation des affaires.
  • Le temps est correct, et je n'ai pas envie de payer un taxi pour aller à l'aéroport.
  • J'y vais donc à pieds.
  • Vol sans encombre jusqu'à Reykjavík…
  • … Et c'est là que ça se complique un peu.
  • Je rate ma navette pour l'aéroport (où j'avais prévu de passer la nuit) de… 3 bonnes minutes.
  • La suivante est à 2h30 du matin.
  • En prime, il va falloir que j'aille au terminal des bus à pieds.
  • Ce n'est pas si loin, mais j'en ai un peu marre de traîner mon paquetage…
  • Arrivé au terminal, je m'accorde un deuxième Skyr vanille.
  • J'aurais bien fait un saut au centre ville, mais mon sac est trop gros pour entrer dans les consignes automatiques.
  • Des vidéos promotionnelles tournent en boucle sur l'écran télé.
  • Les sièges en ferraille font mal aux fesses.
  • Ça va être long…

06/07/2018 | Reykjavík - Aéroport de Keflavík - Aéroport de Lyon - Grenoble - Alpe d'Huez

  • Effectivement, c'est long.
  • Je fais les 100 pas.
  • Je sors de temps en temps du terminal pour avoir un peu froid.
  • Je retourne m’asseoir sur mon siège qui fait mal aux fesses.
  • Je mange un McVitie's.
  • Je regarde les autres qui s'ennuient autant que moi.
  • L'heure du bus arrive enfin.
  • Aéroport.
  • Enregistrement et contrôles de sécurité.
  • Je fais quelques emplettes au duty-free.
  • Le vol est annoncé avec 10 minutes de retard.
  • On décollera finalement avec 40 bonnes minutes de retard.
  • Et le cirque recommence…
  • 30 minutes de retard à Lyon.
  • Les bagages mettent 30 ans à arriver.
  • Lorsque mon sac se présente enfin sur le tapis, j'ai encore une toute petite chance d'attraper mon bus.
  • Je le saisis au vol et fonce en direction du terminal des bus…
  • Presque toutes les portes sont fermées (vigipirate oblige).
  • C'est la galère pour trouver une sortie.
  • Mais, surtout, c'est compliqué de trouver le bus.
  • Le terminal a déménagé depuis ma dernière venue, et la signalétique n'a pas complètement suivi.
  • Bref, je rate fatalement mon bus de 3 minutes…
  • Je me dirige donc vers les hôtesses pleines de nonchalance qui se tiennent derrière le comptoir Ouibus.
  • Là, on m'explique qu'il n'est pas possible de changer de billet une fois le bus parti.
  • Il faut le faire AVANT qu'il parte…
  • Je me permets donc de faire remarquer qu'il est un peu compliqué de changer un billet de bus quand on est dans un avion qui a du retard…
  • … Un silence…
  • Ah oui, c'est vrai, c'est pas pratique…
  • Bref, j'attends une heure assis par terre alors qu'il y a des bancs juste à côté.
  • Mon côté révolté, sans doute.
  • Il y a des militaires partout.
  • Je rumine la stupidité du système.
  • Welcome to France.
  • Le chauffeur de bus ne fait pas d'histoire.
  • Et me voici de retour à Grenoble.
  • Je retrouve mes deux femmes.
  • Plus qu'une heure et demi de route et 21 virages, et c'est la maison !